Comment les animaux s’adaptent aux températures élevées?
Avec les températures de ces derniers temps, j’avais envie de te parler de l’adaptation des animaux aux températures élevées. C’est vrai, ça ! Comment certains animaux font pour survivre dans le désert, à des températures de folie alors que d’autres ne peuvent pas vivre ailleurs que sur la banquise ? Quelles sont les adaptations que la sélection naturelle a favorisées pour permettre à ces animaux de vivre dans des milieux extrêmes.
Différentes adaptations aux températures élevées différentes
Avant de s’intéresser aux adaptations aux hautes températures, il est important de savoir qu’il existe deux sortes d’animaux : les endothermes et les ectothermes. C’est-à-dire ?
D’un côté, les animaux ectothermes sont incapables de fabriquer leur propre chaleur. Ils sont obligés de se mettre au soleil pour chauffer leur corps. Un exemple hyper connu : le lézard ! Je parie que tu as déjà vu cette bêbette se dorer la pilule au soleil ! Et bien en faisant cela, le lézard ne peaufine pas son bronzage mais il chauffe son corps pour qu’il puisse fonctionner !
Parmi ces animaux, nous retrouvons tous ceux qui appartiennent aux grandes familles des reptiles, des batraciens, des poissons ou encore des insectes. Plus couramment, on dit que ces animaux ont le sang froid.
D’un autre côté, les endothermes sont des animaux qui ont leur radiateur intégré dans le corps ! C’est toi, c’est moi ! Et bien oui ! Quand il fait -10°C dehors, la température de ton corps est toujours de 37°C, c’est bien que tu as ton radiateur intégré et que tu n’attends pas le soleil pour faire fonctionner ton corps !
Cette famille d’animaux concerne les mammifères ainsi que les oiseaux.
Les adaptations aux températures élevées chez les animaux ectothermes
Ces animaux ne produisant pas de chaleur, ils ont deux moyens de limiter la montée en température de leur corps : soit empêcher le gain de chaleur soit augmenter le rejet de la chaleur absorber.
Comportement, la première des adaptations aux températures élevées
La première des adaptations est tout simplement de modifier son comportement. C’est le jour que les températures sont les plus élevées. De nombreux animaux passent donc la plus grande partie de leurs journées à dormir à l’ombre, se réveillant uniquement à la tombée du jour. Ils diminuent ainsi grandement le gain de chaleur. C’est le cas du scorpion par exemple.
Adaptation morphologique contre la chaleur
Et si, par hasard, l’animal s’aventure à s’exposer au soleil aux heures les plus chaudes, il existe des moyens pour se protéger des températures trop élevées. C’est le cas de la fourmi saharienne qui possède des poils argentés qui permettent non seulement de limiter l’absorption des rayons lumineux mais qui, en plus, facilitent la dissipation de la chaleur[1].
Photos issues de l’article de Shi et al.
Les adaptations aux températures élevées des animaux endothermes
Le radiateur interne des animaux endothermes est en fait toute la machinerie du corps. Comme les machines que l’on peut trouver dans une usine produisent de la chaleur, les machines du corps font monter la température ! On pourrait donc se dire qu’il suffit d’arrêter les machines pour que le corps se rafraichisse, mais le problème c’est que si on stoppe tout, l’animal meurt. On ne peut donc pas éteindre le radiateur des animaux endothermes. Alors comment faire descendre la température ?
La salive surabondante pour faire baisser la température
La gerbille ainsi que l’écureuil du désert de Mohave produisent énormément de salive. Celle-ci est ensuite étalée sur le corps par les animaux qui se lèchent. En s’évaporant, la salive rafraichit le corps. C’est exactement ce qui se passe quand tu sors de la piscine, tu es tout∙e mouillé∙e et très vite, tu as froid. C’est parce que l’eau s’évapore !
La transpiration permet d’éliminer la chaleur
Se lécher n’est pas la seule solution pour refroidir son corps grâce à l’évaporation. En effet, c’est exactement le même principe lorsque l’on transpire. La transpiration est le principal mécanisme de refroidissement chez les êtres humains mais c’est un phénomène plutôt rare chez les animaux. Rare, mais pas inexistant. C’est ainsi que les dromadaires utilise la transpiration pour se rafraichir.
Les adaptations morphologiques, un rempart contre les températures élevées
La sélection naturelle a favorisé certains traits morphologiques permettant de dissiper plus facilement la chaleur. Un des moyens pour faire diminuer la température du corps est d’augmenter la surface d’échange entre la peau et l’air. C’est pour cela que plus d’une espèce vivant dans les milieux extrêmes ont de grandes oreilles. Celles-ci permettent d’évacuer la chaleur du corps. C’est le cas pour les éléphants, les fennecs ou encore les lièvres[2].
Mais les oreilles ne sont pas les seules parties du corps à pouvoir refroidir un organismeA l'origine, ce mot désignait l'ensemble des organes qui co.... En effet, Le bec de certains perroquets australiens a grandi de 4 à 10% depuis 1871[3]. Alors que ce sont les ailes qui ont pris de l’envergure chez les chauves-souris d’Asie Hipposideros armiger[4].
De manière plus général, c’est n’importe quel appendice de l’animal qui peut voir sa taille augmenter pour contrer les températures élevées[5]. Ce phénomène est connu sous le nom de Loi de Allen.
Le halètement, une adaptation aux températures élevées incontournable
Le halètement est également un excellent moyen de se rafraichir. En faisant cela, la bouche élimine de la chaleur et ingère de l’air frais et c’est tout l’organismeA l'origine, ce mot désignait l'ensemble des organes qui co... qui bénéficie de cette climatisation ! Bien évidemment, le chien est le meilleur exemple pour ce mécanisme mais il y a d’autres animaux auxquels on pense moins comme la gazelle.
La couleur comme arme contre la chaleur
Pourquoi aucun animal du désert n’est de couleur foncée ? Et bien tout simple parce que plus leur revêtement (que ce soit des poils, des plumes ou des écailles) est foncé et plus il absorbe la chaleur. Donc les animaux vivant dans des endroits où le soleil tape fort sont plus souvent de couleur clair. Au contraire, savais-tu que la peau des ours polaire est noire sous sa fourrure blanche ? Pour conserver le peu de chaleur qu’il a sur la banquise !
La déshydratation, le problème majeur des températures élevées
Un des problèmes dus aux hautes températures c’est la quantité d’eau que l’organismeA l'origine, ce mot désignait l'ensemble des organes qui co... perd pour se rafraichir. La déshydratation guette les animaux ! D’autant plus que les hautes températures sont souvent associées à la faible quantité d’eau disponible dans l’environnement.
Certains animaux ont donc mis au point des mécanismes pour récupérer l’eau là où ils peuvent. L’exemple le plus connu et le plus flagrant est celui du dromadaire qui utilise l’eau qui est stockée sous forme de graisse dans sa bosse[6]. C’est ainsi qu’il peut ne pas boire pendant 2 à 3 semaines. A titre d’exemple, toi, simple être humain, tu ne peux pas te passer d’eau pendant plus de 3 jours !
Le varan a mis en place une autre stratégie. En effet, l’urine est une perte d’eau. Pourtant, faire pipi est essentiel pour le bon fonctionnement de l’organismeA l'origine, ce mot désignait l'ensemble des organes qui co... puisque ce mécanisme permet d’éliminer une partie des déchets produits par le corps. La nature a alors développé chez cet animal un mécanisme qui permet d’éliminer les déchets autrement qu’en urinant ! Ainsi, le varan possède de petits organes situés au niveau de son nez qui lui permettent d’éliminer le sel dont son corps ne veut pas[7]! Sans ces organes, le sel serait éliminé dans l’urine via de l’eau !
Le dromadaire a également développé un tout autre mécanisme d’adaptation face aux températures élevées : il est capable de réabsorbé l’eau qu’il expire en respirant. Il a de tout petit cornets, au niveau du nez qui assurent ce rôle pour diminuer au maximum l’eau éliminée par le corps[8].
Et toi? Quelle est ta meilleure adaptation aux températures élevées? Une bonne glace ou un plongeon dans une piscine?
Références
- [1] N. N. Shi, C.-C. Tsai, F. Camino, G. D. Bernard, N. Yu, et R. Wehner, « Keeping cool: Enhanced optical reflection and radiative heat dissipation in Saharan silver ants », Science, vol. 349, no 6245, p. 298‑301, juill. 2015, doi: 10.1126/science.aab3564.
- [2] « How Blood Flow Keeps Jackrabbits Cool — Biological Strategy — AskNature ». https://asknature.org/strategy/how-blood-flow-keeps-jackrabbits-cool/ (consulté le 1 juillet 2022).
- [3] D. J. E. Campbell-Tennant, J. L. Gardner, M. R. Kearney, et M. R. E. Symonds, « Climate-related spatial and temporal variation in bill morphology over the past century in Australian parrots », J. Biogeogr., vol. 42, no 6, p. 1163‑1175, 2015, doi: 10.1111/jbi.12499.
- [4] X. Yue, A. Hughes, K. Tomlinson, X. Shangwen, S. Li, et J. Chen, « Body size and diet–related morphological variation of bats over the past 65 years in China », J. Mammal., vol. 101, p. 61‑79, févr. 2020, doi: 10.1093/jmammal/gyz161.
- [5] S. Ryding, M. Klaassen, G. J. Tattersall, J. L. Gardner, et M. R. E. Symonds, « Shape-shifting: changing animal morphologies as a response to climatic warming », Trends Ecol. Evol., vol. 36, no 11, p. 1036‑1048, nov. 2021, doi: 10.1016/j.tree.2021.07.006.
- [6] R. Yagil, « The desert camel. Comparative physiological adaptation. », Desert Camel Comp. Physiol. Adapt., 1985, Consulté le: 3 juillet 2022. [En ligne]. Disponible sur: https://www.cabdirect.org/cabdirect/abstract/19860195877
- [7] M. LEMIRE et R. VERNET, « L’élimination nasale d’électrolytes chez le varan gris, Varanus griseus Daud. (Sauria, Varanidae) », Lélimination Nasale Délectrolytes Chez Varan Gris Varanus Griseus Daud Sauria Varanidae, no 36, p. 20‑27, 1985.
- [8] B. Faye, « Le dromadaire <em>Camelus dromedarius</em> Synonyme : chameau à une bosse », BOIS FORETS Trop., vol. 307, p. 79‑84, mars 2011, doi: 10.19182/bft2011.307.a20485.
26 réponses
Merci pour cet article 🙂 simple à lire pour les non scientifiques
Je suis ravie de savoir que j’atteins mon but de vulgariser les sciences!
Très intéressant, merci pour cet article ! Je le vois avec mon petit chien qui souffre dès qu’il fait chaud il se met à haleter ! Pour ma part, un rosé bien frais et voilà 😂
Je partage le petit rosé! Bon, ça fait descendre la température et si on abuse ça l’a fait remonter…un mécanisme pas tout à fait au point!
J’en apprends des choses dis donc ! Tu m’épates toujours avec tes articles, complets, clairs et adaptés pour une compréhension facilité de sujets pas toujours si faciles 🙂 Merci Claire !
Merci de ton retour! ça me fait super plaisir!
Merci pour cet article, je crois que je vais aller vivre dans les sous-bois pour résister aux fortes chaleurs. Je squatterai la tanière d’un renard pour rester au frais!
Oh que oui! Une petite tanière dans les sous-bois, qu’il doit y faire bon!
La Nature est toujours pleine de surprises ! Un département R&D qui a des millions d’années d’avance sur nous. Une évolution qui fait des essais d’optimisations sans arrêts. A copier ! Merci pour l’article avec des astuces de certains animaux que je ne connaissais pas.
Oui, on a parfois oublié que la nature est un magnifique exemple à suivre dans biens des domaines!
Super surprise pour l’ours polaire ! article très intéressant. Merci
Oui, moi aussi j’ai été surprise en apprenant ça, mais finalement, cela me semble assez logique!
C’est marrant, j’ai vu les fourmis argentées dans un dessin animé des enfants. C’est fou comme les espèces sont variées dans les milieux chauds. 😊
La magie de la nature! De nombreuses stratégies pour faire face à un même problème!
Une bonne glace ou plutôt un granité (eau + fruits) 🙂 Super article comme toujours, avec des illustrations et des détails riches en enseignement. Bravo !
Merci pour le compliment! Je t’accompagne volontiers pour le granité! 🙂
Encore une fois, j’ai appris plein de trucs ! Merci 🙏
C’est cool d’apprendre pleins de trucs! 🙂
En randonnée, on part très tôt le matin et on finit la marche avant les grandes chaleurs, c’est la règle et on boit très régulièrement.
La nature est bien faite. Je suis toujours en admiration sur la capacité d’adaptation des animaux, y compris nous. J’ai encore beaucoup appris. Grand merci
C’est vrai qu’il est bien plus agréable de marcher durant les heures fraiches! Je calcule parfois pour qu’on arrive en sous-bois durant les heures les plus chaudes!
Pour supporter les grandes chaleurs, mieux vaut rester à l’ombre, porter des vêtements très légers, et boire boire boire (de l’eau bien sûr) 😀
Oui, voilà les astuces des plus simples à mettre en place pour nous, simples êtres humains!
C’est très intéressant ! Je pense qu’il manque un visuel un peu rigolo, avec des dessins par exemple, pour qu’un enfant lise l’article. Nous, on peut lui raconter, bien sûr !
Oui, j’aimerais pouvoir mettre quelques dessins de temps en temps…mais je suis une vraie quiche en dessin et je n’ai pas les moyens de m’offrir un illustrateurs pour le moment! Un jour, j’espère!
Je suis adepte de la douche froide pour supporter un peu mieux la chaleur 😉 Merci pour cet article très instructif et parfois surprenant sur l’adaptation des animaux aux températures élevées. Top 🙂
J’essaye régulièrement cette technique, mais j’avoue que je n’y arrive pas! Tremper les pieds dans l’eau fraiche, ça oui! La douche froide, je te la laisse!