Tout comprendre sur le blob en 8 minutes

Tout comprendre sur le blob en 8 minutes

A la découverte du blob

Le blob…as-tu déjà entendu parler de cet être étrange ? Je connaissais vaguement cet organisme mais depuis quelques semaines, je fais plus ample connaissance avec lui grâce à Mister Blob, une petite société française qui propose de te lancer dans les expérimentations sur le blob ! Oui, parfaitement, tu as très bien lu ! Tu vas, toi aussi, pouvoir faire connaissance avec cet organisme !

Spoiler alerte : ce truc est tout simplement fabuleux ! Dans un premier temps, je te propose de découvrir la théorie…et la semaine prochaine, place à la pratique !

Qu’est-ce que le blob ?

Pour commencer, répondons à une question toute simple : qu’est-ce qu’un blob ?

De son vrai nom Physarum polycephalum (en tout cas pour la majorité des souches élevées), le blob est un organisme unicellulaire qui appartient à un groupe qui s’appelle les myxomycètes (à tes souhaits !!), dans le règne des amibozoaires (re-à tes souhaits !!!!). Ce qui veut dire qu’il est constitué d’une seule cellule. Comme les levures ou les bactéries. Par comparaison, on estime à entre 37 000 milliards et 37 000 000 milliards de cellules dans le corps humain.

Mettons tout de suite les choses au point : alors qu’une bactérie est invisible à l’œil nu, le blob, lui, peut atteindre une taille très importante (jusqu’à plusieurs mètres carrés en laboratoire) ! Autre particularité de cette cellule géante c’est qu’elle ne contient pas un mais des milliers de copies de noyaux (la chambre forte qui renferme l’ADN de l’organisme, autrement dit son mode d’emploi)! On dit que cette cellule est polynucléaire.

Le blob n’est donc ni un animal, ni une plante, ni un champignon ! C’est un organisme qui ressemble à de la mousse, ou de la gélatine et qui est jaune. On peut le trouver dans des endroits un peu humides, sombres, tels qu’une forêt, un jardin et même sous la neige. Et ce, quel que soit le continent sur lequel on se trouve !

Le blob a un aspect de mousse jaune dans la nature

On parle souvent DU blob, comme s’il n’en existait qu’un seul. Mais pas du tout ! De nombreuses espèces différentes se cachent derrière ce nom !

Une seule cellule géante, plein de noyau…on commence à comprendre que cet organisme sort des rangs et aime à casser les stéréotypes ! Il en va de même pour son cycle de vie !

Le cycle de vie du blob

Lorsque le blob ressemble à de la mousse, on parle de « plasmode ». Il pète la forme, évolue dans l’abondance de nourriture, se trouve à la température souhaitée (environ 20°C), l’humidité est parfaite…bref, la vie est belle pour lui !

Lorsque ces conditions optimales de ne sont plus réunies, le blob change de mode de vie.

Si les températures deviennent trop hautes ou trop basses, la cellule va modifier son apparence pour devenir une masse compacte : le « sclérote ». Ainsi protégé des conditions externes, le blob va patiemment attendre que des jours meilleurs reviennent. On parle alors de dormance. Il pourrait patienter ainsi pendant 70 ans !! Il suffira d’un peu d’humidité et de températures adaptées pour que la cellule sorte de sa léthargie et reprenne sa petite vie d’avant.

Si c’est la nourriture qui vient à manquer alors le blob va se multiplier. Les noyaux présents dans la cellule vont se transformer en spore (comme dans les champignons). Les spores sont rassemblées dans des petits sacs (appelés sporanges) puis libérées dans l’environnement. Embarquées par le vent ou d’autres organismes, les spores voyagent et arrivent dans un endroit plus propice à leur développement. La cellule cachée dans la spore sort alors, et entame sa nouvelle vie.

Tout comme les champignons, Physarum polycephalum produit des spores

Ce nouveau départ peut d’ailleurs rimer avec fusion : si deux blobs de la même espèce, mais suffisamment différents se rencontrent, alors ils vont pouvoir fusionner pour former un nouveau blob ! C’est ce que l’on appelle la reproduction sexuée…mais pas telle que nous la connaissons ! Chez nous, et dans la très grande majorité des organismes vivants, il y a deux types sexuels qui entre en jeux dans cette reproduction (mâle et femelle) mais chez le blob…il y a 720 types sexuels possibles ! Incroyable, non ?

Comment mange le blob ?

Il se nourrit principalement de champignons, de spores, de microorganismes. Mais il n’a pas bouche, pas d’intestin, pas d’estomac…alors comment fait-il pour manger ?

En fait, n’importe quelle partie de la membrane de la cellule est capable d’entourer un aliment pour ensuite le faire rentrer dans la cellule. Ce mécanisme s’appelle la phagocytose. Une fois ingéré, l’aliment est dégradé grâce à des enzymes (qui sont les outils de la cellule). Les éléments nutritifs sont ensuite emmenés aux 4 coins de la cellule grâce à un réseau veineux très développé. Ce ne sont pas les mêmes veines que nous, à l’intérieur, ce n’est pas du sang qui circule mais un liquide qui s’appelle le cytoplasme et qui contient, entre autre, les pigments jaunes qui donnent cette belle couleur au blob.

C’est grâce à ce réseau de distribution que les nutriments sont apportés dans les différentes parties de la cellule.

C’est grâce à son réseau de veines que cette cellule se nourrit

L’intérêt cet étrange être

Il faut le reconnaitre, le blob est un vrai casse-tête et de nombreuses personnes se sont arrachées les cheveux pour savoir où le ranger dans l’immense arbre de la vie !

Mais ce n’est pas parce qu’on ne sait pas où le placer qu’il n’est pas utile ! Bien au contraire ! Différentes études prouvent qu’il est capable d’absorber certains polluants qui se trouvent dans le sol.

Et les déchets produits par les blobs ? Tout simplement utilisés par les plantes pour grandir !

Le blob est capable de se déplacer

Cet organisme n’a aucun système nerveux et n’a pas de patte…mais ça ne l’empêche pas de se déplacer ! Il utilise pour cela son réseau veineux. En modifiant la circulation à l’intérieur de celui-ci, la membrane de la cellule se déforme, créant ainsi des « pseudopodes » (ce qui veut dire « faux pieds »).

Ces pseudopodes vont permettre à la cellule de se déplacer à une vitesse d’environ un centimètre par heure.

Voici un blob en train de se déplacer et de descendre de sa gélose.

On ne sait pas exactement comment il fait pour détecter la présence de nourriture puisqu’il n’a ni yeux, ni bouche, ni nez…Mais il sait parfaitement où il y a de la nourriture !

Le blob a l’état de plasmode fabrique un produit, le mucus, qui permet de le protéger contre la sécheresse. Mais ce mucus a aussi un autre rôle hyper important : il lui permet de savoir où il est déjà passé. Comme une limace ou un escargot laisse une trainée là où ils passent, notre ami détecte son propre mucus et change de direction pour ne pas retourner au même endroit.

Les prouesses du blob

Physarum polycephalum est beaucoup étudié par les chercheurs. Il faut dire que c’est l’un des microorganismes eucaryotes (c’est-à-dire qu’il contient un noyau) les plus faciles à élever ! Une boite, de la gélose (son tapis de jeu pour qu’il se sente bien) et quelques flocons d’avoine pour manger…et vogue la galère, le blob s’épanouit !

Beaucoup utilisent donc cet organisme comme un outil de recherche pour comprendre certains phénomènes présents dans des organismes beaucoup plus grands.

Il se nourrit comme un animal (il ingère des microorganisme), il se reproduit comme un champignon (en rejetant des spores), il possède des pigments comme des plantes…Et en plus, son comportement varie en fonction de son origine géographique. Bref, c’est un organisme unique !

En plus d’être facile à cultiver, le blob est incroyablement doué pour tout un tas de choses ! En voici quelques exemples.

Le blob est capable d’apprendre

Comme je l’ai dit plus haut, le blob n’est formé que d’une seule cellule. Il n’a donc pas de cerveau, ni de système nerveux ! Pourtant, il est capable d’apprendre et de mémoriser ! Mieux que ça ! Il est capable d’enseigner ce qu’il a appris ! Est-ce que ce n’est pas génial tout ça ?

Les chercheurs n’ont pas encore parfaitement compris ce phénomène mais il semblerait que cet enseignement passe par une veine entre deux organismes.

Les blobs sont capables d’apprendre et d’enseigner!

L’expérience la plus connue dans ce domaine utilise du sel. Le blob n’aime pas le sel. Ce n’est pas toxique pour lui, mais il le fuit. Il est possible d’apprendre à la cellule à surmonter son aversion pour le sel et à le traverser pour trouver de la nourriture. Au bout de quelques jours, il a compris le truc et ne fait plus attention au sel, il est juste obnubilé par la présence de nourriture de l’autre côté.

Si maintenant on présente ce blob à un autre copain qui n’a pas été habitué au sel, une communication va se mettre en place entre les 2. Le nouveau blob va très vite acquérir la connaissance du sel et le traversera sans problème pour atteindre la nourriture.

Le blob est capable de se régénérer

En plus de sa capacité d’apprentissage, le blob a également le pouvoir de se régénérer : si on le coupe en deux, chacune de ces parties va être capable de se reformer, donnant ainsi naissance à 2 nouveaux organismes.

Expérience spatiale avec le blob

Une expérience de grande envergure a été réalisée en 2021. Le blob a été emmené dans l’espace par Thomas Pesquet, astronaute français, pour y étudier son comportement lorsque la gravité est complètement différente.

Dans l’espace, cette gravité est pour ainsi dire absente. C’est ce qui explique que les astronautes « volent », ou « flottent », selon les expressions dans l’espace.

Des chercheurs se sont demandés quel serait le comportement d’un blob dans de telles conditions et c’est pour répondre à cette question que Thomas Pesquet est parti avec quelques de ces organismes sous le bras lorsqu’il est allé dans l’ISS (la station spatiale internationale) en 2021.

Dans cette aventure, il a embarqué 4 500 classes de primaire, collège et lycée. Les différents blobs dans l’espace et sur Terre ont été réveillés à l’automne et leur développement étudié.

C’est grâce à cette expérience que l’on a appris que cette cellule construit des pseudopodes en 3D ! Tu peux retrouver les résultats directement sur le site du CNES.

Thomas Pesquet a embarqué des souches de Physarum polycephalum dans l’espace pour étudier leur développement

Optimisation des réseaux grâce au blob

Comme je l’ai dit plus haut, le blob possède un excellent réseau de veines pour assurer la distribution de nourrir dans toute la cellule. Si on coupe une veine ou si on dépose un obstacle sur la route du blob, ce réseau est capable de se réorganiser et d’optimiser au mieux ses connexions. Certains laboratoires utilisent même le blob pour organiser des réseaux de distribution de l’eau ou de télécommunication.

Histoire du blob

C’est en 1822 que le mycologue (le scientifique qui étudie les champignons) américain Lewis David von Schweinitz baptise cette cellule géante : elle s’appelera Physarum polycephalum. A ce moment-là, il fut décidé de ranger cet organisme avec les champignons. Ce n’est qu’en 2015, que l’étude de son génome permet de le classer chez les amibozoaires. On l’imagine alors comme un chainon important entre les êtres unicellulaires (bactéries, levures) et les organismes multicellulaires.

Mais alors ? Pourquoi on l’appelle le blob ? Ce petit nom de vulgarisation est principalement utilisé par la communauté francophone en référence à un film d’horreur intitulé « The Blob ». Attention, derrière ce nom simple se cachent en fait différentes espèces ! Ce n’est pas un nom très précis.

Ce film de science-fiction réalisé par Irvin S. Yeaworth Jr. En 1958 met en scène un extraterrestre géant et gluant qui se nourrit des terriens.

Le blob doit son nom à un film de 1958

Les chercheurs ne se sont pas tellement intéressés à cet étrange organisme jusqu’aux années 2000. A ce moment-là, une équipe de scientifiques japonais publia des résultats montrant les incroyables capacités de ces cellules. De plus en plus d’équipes se sont alors intéressés à cet organisme. Il y a même un blob qui est entré au parc zoologique de Paris en 2019 ! 

Alors? Es-tu prêt.e à faire des expériences avec cet extraordinaire organisme?

N'hésite pas à partager cet article si tu l'as aimé!

 

12 réponses

  1. Merci pour ce super article qui nous fait voyager en pleine science-fiction ! Moi qui adore prendre soin de mon kombusha, je vais le surveiller de près pour voir si, inspiré par le blob, il ne tente pas une sortie à la vitesse d’un escargot au galop !

  2. DENIS dit :

    Wouah ! Quel article ! Et quelle(s) aventure(s) que la vie du Blob ! Quand je pense qu’en plus il est allé accompagner Thomas Pesquet (mon rêve!) en mission spatiale ! Merci pour cet article passionnant et magnifiquement rédigé ! J’adore !

  3. Alexandra dit :

    Ça alors ! Moi qui croyais que le bloB était une sorte de pâte à modeler chimique pour les enfants… Ton bloG est très instructif !

    • Et bien non! Le blob n’est pas une pâte à modeler! 😉 Je suis ravie que tu aies pu assouvir ta curiosité scientifique en découvrant cet extraordinaire organisme!

  4. Jackie dit :

    Je ne connaissais pas. Merci d’avoir partagé tes connaissances. Sur le coup, je pensais que tu parlais du blog. (N’importe quoi). En tous cas, j’ai appris beaucoup en te lisant.

  5. Merci Claire pour cet article qui m’a fait découvrir un nouveau type d’organisme. J’apprécierais beaucoup mes cours de SVT au collège/lycée, et je n’avais jamais entendu parlé de Blob.

    • C’est vrai que l’engouement pour le blob est « relativement récent ». Il a commencé a passionné le monde scientifique au début des années 2000. Avant cela, seuls quelques illuminés travaillaient dessus.

  6. C’est un être intrigant et plein de vie, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Ce blob pourrait en intéresser plus d’un, petit comme grand. Merci pour ton article très intéressant.

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