La légende de la licorne : connais-tu sa véritable histoire?

La légende de la licorne n’est pas qu’une légende! Savais-tu que ces animaux ont réellement existé ? Tout du moins c’est ce que pensaient les personnes qui vivaient durant le Moyen Age. Aucun doute là-dessus, cet animal n’avait rien de fantastique ou d’imaginaire : il était aussi réel que le cochon ou les chevaux, simplement, il vivait dans un pays lointain ! La preuve de ce que j’avance ? Les savants de l’époque le décrivaient avec des détails qui ne permettaient pas de douter ! Voilà l’histoire de la légende de la licorne, ou comment les scientifiques peuvent se tromper, en toute bonne foi !
Des faits scientifiques avant une légende
Il n’y a rien de plus sérieux que les textes de Ctésias ! Cet historien grec, qui vivait durant l’Antiquité (aux environs de 400 avant Jésus Christ pour être plus précise), est connu pour ses récits historiques où il décrit l’Inde et la Perse. Il n’est jamais allé personnellement dans ces pays mais s’appuie sur les récits que des voyageurs, qui ont fait le déplacement, ont écrit.
En recoupant ces divers textes, Ctésias est sûr de lui : un animal incroyable existe bel et bien en Inde. Il décrit donc cet animal dans son récit intitulé Indica : il a des pattes larges, comme celle d’un éléphant, il a le pelage épais, et, tu t’en doutes, une corne unique au milieu du front.
Dans les années qui suivirent l’écrit de Ctésias, de nombreuses personnalités historiques (digne de confiance) ont également mentionné cet animal ne portant qu’une seule corne. Parmi elles, Aristote, Pline l’Ancien ou même Jules César qui affirmait que des « unicornes », comme ces animaux étaient alors appelés, se trouvaient dans les forêts allemandes.

C’est ainsi que ces animaux prirent vie ! Il faut bien s’imaginer qu’à cette époque, on ne voyage que très peu. Le commun des mortels vit et meurt là où il est né. Alors quand des personnes reconnues par leurs paires décrivent des contrées lointaines et des animaux étranges, on les croit volontiers : il n’y a aucune raison qu’on leur mente et il n’y a aucune raison pour ne pas croire en l’existence de ces animaux décrit par des savants.
On les croit d’autant plus volontiers que d’autres récits voient peu à peu le jour. Des explorateurs venus de différentes régions d’Asie mais aussi d’Afrique décrivent tous l’existence d’animaux à la corne unique. C’est le cas de l’explorateur Marco Polo qui décrit un animal observé sur l’île de Soumatra : « Le poil comme celui du buffle, les pieds comme ceux des éléphants, et une corne au milieu du front, blanche et très grosse. ». En Europe, on ne connait pas cet animal que l’on illustre volontiers par…une licorne !

Il y a quand même une chose qui aurait pu leur mettre la puce à l’oreille : la diversité des descriptions. Selon certains récits, les licornes sont farouches et dangereuses, pour d’autres, elles sont douces et pures ; pour certain, ces animaux ont un pelage foncé alors que d’autres les décrivent avec un pelage blanc immaculé.
Mais encore une fois, l’accès à tous ces récits est difficile, il est donc bien ardu de faire des recoupements entre ces différentes descriptions. C’est ainsi que la légende de la licorne prend vie et surtout prend de l’ampleur. Cet animal fantastique est ainsi devenu l’animal imaginaire le plus important en Occident jusqu’au Moyen Age. La légende atteint son apogée durant cette époque où elle est quasi omniprésente dans les récits de chevaliers ou dans des gravures, broderies, peintures…
A son existence, s’est ajouté la notion de magie. Il est rapporté que sa corne à des pouvoirs médicinaux, que la poudre issue de celle-ci pourrait inhiber l’action de poison ingéré : ce serait un puissant antidote. C’est ainsi que débute le commerce de la corne de licorne.
Quand le doute s’installe, la légende de la licorne prend vie
Au milieu du XVIème siècle, le doute commence à s’installer dans l’esprit de certains scientifiques. Comme Rabelais dans Pantagruel.
Peu à peu, ils commencent à remarquer quelques incohérences. Outre le fait que les descriptions de leurs prédécesseurs ne concordent pas entres elles, il y a aussi un fait qui vient particulièrement troubler la réflexion des scientifiques : pourquoi les témoignages de ces animaux proviennent tous d’Asie ou d’Afrique alors que les dents de licornes du commerce proviennent exclusivement du Groenland…pays bien éloigné des régions asiatiques et africaines, tu en conviendras !

C’est en 1607, que la première description d’un narval apparait dans un ouvrage scientifique. Sa défense y est largement détaillée mais sans pour autant faire de lien avec les « cornes de licorne » vendues.
Il faut attendre le XVIIIème siècle pour qu’il soit publiquement admis que la plupart des « cornes de licornes » commercialisées sont en fait des défenses de narvals. Heureusement pour ces derniers, leur défense n’est pas entourée d’un aura magique/médicinal comme c’était le cas pour les cornes de licornes. Les personnes ne s’intéressent donc plus aux défenses vendues sous le nom de « corne de licorne ». Cela provoque un effondrement du commerce de ces cornes qui n’ont plus rien de médical pour le grand public.

Malgré cela, l’existence de la licorne n’est pas complètement mise au placard, et il faut attendre le milieu du XIXème siècle pour que les licornes soient définitivement mises aux rangs des belles légendes.
La légende la licorne aujourd’hui
Alors que certaines découvertes scientifiques sont accidentelles, d’autres sont basées sur une réelle réflexion…qui s’avère être fausse! Comme tu l’auras compris, la légende de la licorne n’est pas sortie tout droit d’un chapeau d’un usurpateur ! Elle a une réelle origine et les personnes qui ont décrit son existence l’ont fait en toute bonne foi avec ce qu’ils trouvaient (que ce soit dans les récits de leurs prédécesseurs, dans l’observations d’animaux inconnus d’eux ou encore dans la découverte de vestiges anciens). Aujourd’hui, avec le recul, nous savons que les licornes n’ont jamais existé.
On suppose actuellement que ce que Ctésias décrivit dans son récit Indica comme étant des licornes étaient probablement en fait une espèce de rhinocéros, appelé le rhinocéros de Sumatra ou encore monocéros, qui ne possède, effectivement qu’une seule corne. Celle-ci est d’ailleurs reconnue pour posséder des pouvoirs médicinaux par les peuples asiatiques durant l’Antiquité. Ce qui corrobore l’idée que la corne des licornes possède, elle aussi des pouvoirs.

Il suffit d’ajouter à cela quelques erreurs de traduction entre le latin (langue des premiers récits qui décrivent ces animaux) et le vieux français (qui était parlé au Moyen Age) puisque les mots rhinocéros et licornes peuvent être interprétés d’une manière similaire dans ces deux langues, et le tour est joué ! D’autres récits, en provenance d’autres régions, pourraient faire référence à des variétés d’antilopes (tel que l’oryx ou l’éland).
Selon d’autres hypothèses, ce ne sont pas les rhinocéros ou les antilopes qui ont fait croire à l’existence des licornes mais un autre animal aujourd’hui éteint : des espèces de rhinocéros (appelé Elasmotherium) vivant durant la lointaine époque du Pléistocène. Disparu il y a y très très longtemps, ces animaux avaient la particularité de posséder une très grande corne au milieu du front. La découverte de leur corne aurait pu alimenter les récits (en toute bonne foi) des savants de l’époque.

Même si l’existence des licornes est remise en cause, son symbole reste présent à l’esprit pour beaucoup de personne. Quel symbole ? Celui d’un animal sauvage, libre, noble, difficile à attraper, d’une force incroyable et doté de pouvoirs magiques. C’est pour cela que Guillaume Ier, roi des écossais au XIIème siècle, choisit cet animal comme emblème pour représenter l’Ecosse. En effet, à cette époque, l’Ecosse revendique son indépendance face à l’Angleterre, elle ne veut pas se soumettre. Tout comme la licorne, elle est impossible à dompter !
Plus tard, lorsque l’Angleterre et l’Ecosse ont réuni leur royaume, le lion (symbole de l’Angleterre) et la licorne se sont retrouvés tous les deux sur les armoiries du pays.
D’autres animaux fantastiques
Si on se penche sur les autres animaux fantastiques qui peuplent nos légendes, nombre d’entre eux proviennent probablement d’une mauvaise interprétation de ce que les gens pouvaient trouver.
Ainsi :
- Les cyclopes auraient pris naissance avec la découverte de crânes d’éléphants nains : ces crânes présentent un « trou » qui correspond à l’emplacement de la trompe de l’éléphant qui pouvait être pris pour la cavité ayant abrité un œil unique.
- Les griffons trouvent peut-être leur origine dans la découverte de fossiles de Protocératopes : des animaux préhistoriques présentant un bec semblable à celui des oiseaux alors qu’il possède quatre pattes.
- Le kraken n’est probablement que l’imagination qui s’est enflammée après la découverte de carcasses de calmars géants.
- Les dragons (chinois ou autres) ne seraient pas autre chose que des dinosaures fossilisés découverts par nos lointains ancêtres.
- Un fossile de Plésiosaure (un reptile matin préhistorique) serait à l’origine du monstre du Loch Ness.
- Le Yéti ? Un squelette de gigantopithèque probablement découvert en Asie.
- …
Voilà comment des découvertes scientifiques peuvent parfois mener à des hypothèses qui s’avèrent être fausses par la suite. Et dis-moi, connais-tu le dahu ?

16 réponses
Incroyable cette histoire de licorne. J’ai appris plein de choses merci
Avec plaisir! 😉
Genial, j adote ! Merci pour cette pepite !
Je suis ravie que cela te plaise!
Ton article m’a rappelé combien les récits anciens peuvent façonner notre imaginaire collectif. En Asie, des créatures comme le Qilin en Chine ou le Karkadann en Perse partagent des similitudes intrigantes avec la licorne occidentale. C’est fascinant de voir comment différentes cultures ont interprété des animaux réels pour créer des légendes. Merci pour cette exploration captivante !
Oui, on retrouve des animaux imaginaires similaires dans différents pays, ce qui tend à prouver qu’il y a bien quelque chose de réel au départ de tout ça, quelque chose que les gens ont interprété selon leurs savoirs et leurs croyance du moment!
Merci Claire pour cet article à la fois drôle, instructif… et délicieusement décalé.
Tu arrives à mêler merveilleux, science et esprit critique avec une légèreté qui fait du bien. J’ai souri du début à la fin, tout en apprenant plein de choses. Et j’ai adoré cette façon que tu as de faire danser les faits avec l’imaginaire, sans jamais rien figer.
C’est typiquement le genre de lecture qui donne envie de garder ses yeux d’enfant… tout en nourrissant son esprit d’adulte. Un vrai petit bijou pour réveiller la curiosité !
Merci pour ce moment magique et pétillant.
Wahou! Merci pour ce commentaire qui me fait chaud au coeur! Garder ses yeux d’enfants et nourrir son esprit d’adulte, voilà une formulation qui résume parfaitement mon état d’esprit!
Les fake news remontent donc à l’antiquité :-)) C’est génial cette histoire ! Merci, j’ai appris plein de choses grâce à cet article
Hé oui! ça ne date pas d’aujourd’hui! Mais attention, ils croyaient dur comme fer à ce qu’ils disaient!
Passionnante cette histoire ! Je me suis laissé embarquer par le récit et je n’imaginais pas une seconde que des scientifiques et des personnalités telles que Aristote, Jules César ou encore Marco Polo qui avait lui, pourtant, bien voyagé, aient pu penser que les licornes aient existé ! J’aimerais bien à l’occasion avoir un article sur la légende du dahut 😉
Ah! La légende du dahut…un animal incroyable qui fait tourner la tête à bien des nouveaux venus à Grenoble! C’est un animal qui vit uniquement dans cette région, dans les montagnes pour être plus précises et dont deux pattes sont plus courtes d’un côté que de l’autre ce qui lui permet de bien adhérer à la pente des montagnes! 😉
Très intéressant ! Incroyable de se dire que la licorne, c’était peut-être juste un rhinocéros 😄
Ça casse un peu le mythe ! Le bouche-à-oreille a encore bien fonctionné, comme pour beaucoup de légendes.
Oui, j’avoue que la licorne semble beaucoup plus élégante qu’un simple rhinocéros….mais tous les animaux sont intéressants! 😀
Merci pour ce bel article! J’ai bien aimé découvrir que la légende de la licorne repose sur des observations sincères, mais trompeuses. L’idée que le mythe soit né d’un mélange de récits, de traductions et de fossiles est fascinant. C’est une belle leçon d’humilité pour la science… La licorne c’était le thème préféré de ma fille, j’en ai vu à toutes les sauces à la maison.
Les légendes naissent rarement de rien. Il y a toujours un réseau d’hypothèse, des faits qui valident ces hypothèses…mêmes si elles sont fausses!