Pourquoi les chatouilles chatouillent ?
Les chatouilles…Elles riment souvent avec joie et innocence! Qui n’a pas en souvenir une partie endiablée de guilis ? Des rires à en faire mal aux abdos !
Mais au fait ? Pourquoi on réagit comme ça ? Pourquoi on rit parfois à gorge déployée pour un tout petit guili ? Pourquoi certains sont chatouilleux et d’autres non ? Je te propose de décortiquer tout ça !
Les chatouilles provoquent une réaction sensorielle
Pour commencer, il faut savoir qu’il existe deux types de chatouilles : il y a tout d’abord ceux provoqués par une petite bestiole qui se balade sur notre bras nu. Et puis il y a les autres, quand une main vient nous gratouiller le cou ou la plante des pieds. Dans le premier cas, on a juste envie de se passer la main sur la zone importunée, de se gratter. Dans le second cas, on éclate de rire. C’est incontrôlable : on rigole et on se tortille !
Attention, attention, maintenant, on sort des noms scientifiques qui vont te permettre d’épater la galerie ! La réaction aux premiers type de chatouilles s’appelle la knimesis tandis que celle provoquée par le second type de chatouilles s’appelle la gargalesis.
Mais d’où vient cette sensation de guili ? C’est tout simplement le fruit de l’activation de récepteurs sensoriels que l’on a dans la peau ! On les appelle les corpuscules de Meissner, du nom de l’anatomiste allemand qui les a découvert au XIXème siècle, Georg Meissner. Lorsque quelque chose touche ces récepteurs, ils vont envoyer un signal électrique jusqu’à notre cerveau pour lui donner l’information. Le cerveau va ensuite analyser cette information et envoyer les ordres pour réagir en fonction de ce qu’il a déduit de l’information reçue.
Le hic, c’est que le message envoyé par les corpuscules de Meissner arrive dans une zone bien spécifique du cerveau qui s’appelle le cortex somatosensoriel…C’est lui qui gère les sensations de toucher mais aussi de douleur. C’est pour cela que les chatouilles sont à la limite de la douleur et peuvent parfois y basculer ! Socrate l’avait d’ailleurs déjà observé en son temps, c’est-à-dire au Vème siècle avant JC.
Il y a une seconde zone du cerveau qui va être activée par les chatouilles : l’hypothalamus. Cette zone spécifique du cerveau est le siège de la gestion de notre humeur. En chatouillant quelqu’un, c’est comme si on venait chatouiller sa zone de contrôle de l’humeur : et hop, on rigole ! Mais attention ! Il y a une autre zone qui peut être activée : celle de la peur ! Quand on est chatouillé, on se trouve à la limite entre le plaisir et la peur, entre la joie et la panique !
Quand l’Evolution nous chatouille
Les chatouilles sont étudiées depuis très longtemps ! De Socrate à Darwin, plus d’un scientifique s’est penché sur cette question ! Mais il faut bien reconnaitre que les réponses sont encore très évasives !
Il y a néanmoins un consensus qui semble se détacher : notre sensibilité aux chatouilles aurait joué un rôle dans notre évolution ! Et oui! C’est encore un coup de la sélection naturelle! En effet, les chatouilles ne se font pas de partout sur notre corps mais plutôt aux endroits vulnérables tels que le ventre, la plante des pieds ou le cou. Il s’agit-là d’endroits qui n’ont pas de défense et qui nous sont pourtant vitaux. C’est comme si notre sensibilité aux chatouilles avait pour objectif de nous préparer à réagir à une attaque.
Certes, les chatouilles nous font rire ! Mais elles peuvent aussi émettre un signal de panique, on va reculer, être prêt à se défendre ! Les fameux tortillements frénétiques caractéristiques d’une attaque de guilis seraient en fait un entrainement pour s’échapper des mains de notre bourreau !
D’un autre côté, les chatouilles légères, celles produites par un insecte qui se balade sur notre bras, auraient tout simplement pour objectif de nous préserver de toutes ces petites bestioles qui peuvent nous mordre ou nous piquer !
D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls êtres vivants à être sensibles aux chatouilles ! Certaines études démontrent que les singes, les souris ou encore les rats peuvent réagir à ce genre de stimuli. C’est ce qu’a démontré par exemple le scientifique Jaak Panksepp dans la revue Science en 2000.
Chatouilleux ou pas, quel est ce mystère ?
Ok, donc les chatouilles auraient un usage dans l’évolution…Mais, tout comme nous avons une sensibilité différente à la caféine, nous avons également une sensibilité différente aux chatouilles! Pourquoi certaines personnes ne ressentent rien lorsqu’on les chatouilles. Et il y a d’autres personnes qui rient et pourtant qui n’aiment pas ça ! Le rire n’est pas forcément synonyme de plaisir ! Une étude scientifique démontre même que le message envoyé par les chatouilles peut être vécu comme une expérience douloureuse.
Toujours est-il que notre réaction face aux chatouilles dépend aussi fortement des conditions dans lesquelles nous sommes chatouillés. En effet, la surprise joue un rôle important : si on sait que les chatouilles vont arriver, alors nous rigolons beaucoup moins ! Sauf dans le cas des enfants qui se mettent à hurler de rire dès qu’on prononce le mot « chatouille » ! Là, c’est l’anticipation qui a un rôle magique !
C’est aussi pour cette raison que nous ne pouvons pas nous faire des chatouilles nous-mêmes : c’est notre cerveau qui envoie le message de faire des chatouilles…donc il est au courant de ce qu’il va faire ! Le cerveau se dit alors que ce n’est pas la peine de réagir et il préfère garder son attention sur les stimulations qui viennent de l’extérieur pour assurer notre survie !
D’un autre côté, notre réaction face aux chatouilles, va aussi dépendre de notre humeur. Que quelqu’un essaie de nous chatouiller lorsque nous sommes en colère…il est possible qu’on l’envoie paître ! Mais si nous sommes d’une humeur joyeuse, alors nous pouvons rire au moindre petit effleurement !
Pour finir, la personne qui fait les chatouilles a aussi un impact sur notre ressenti : que ce soit quelqu’un que l’on apprécie et on éclate de rire ; que ce soit quelqu’un que l’on ne connait pas ou que l’on n’apprécie pas, alors la colère et la panique nous envahit !
Le pourquoi de tout cela ? On l’ignore ! Les scientifiques font des hypothèses et ils étudient depuis la nuit des temps sans trouver une réponse ! La cause génétique a été évoquée, comme celle de caractéristiques physiques ou encore de personnalité…rien de probant !
Et c’est tout ça qui donne son aspect magique aux chatouilles !
16 réponses
Merci pour cet article original et amusant ! Les chatouilles, un phénomène aussi simple que fascinant, nous rappellent combien le corps et les sens sont essentiels pour se reconnecter à l’instant présent.
En tant que coach, je souligne souvent l’importance de la pleine conscience dans le leadership et l’équilibre de vie. Se recentrer sur des sensations immédiates, comme celles évoquées ici, permet de faire une pause et de calmer nos pensées. Ces moments de déconnexion mentale et de connexion sensorielle sont précieux pour retrouver de l’énergie, cultiver la joie et mieux gérer le stress.
Les chatouilles peuvent être une porte d’entrée vers plus de sérénité et d’ancrage au quotidien. Merci pour ce clin d’œil qui donne envie d’explorer le rôle des petites choses pour un grand bien-être ! 😊
Pour ma part, je suis amatrice de séances de chatouilles endiablées avec mes enfants !
Je suis bien d’accord! Rien ne vaut une bonne séance de chatouilles endiablées avec les enfants. Je ne sais pas ce qui me fait le plus de bien dans ces moments : déconnecter mon cerveau, les chatouilles…ou tout simplement leur rire qui n’en finit pas! 😉
Merci Claire pour cet article ! Ton exploration ludique et scientifique sur un sujet qui peut sembler si banal révèle finalement des aspects fascinants de notre corps et de notre cerveau.
Merci encore pour ce moment enrichissant et plein de curiosité. 🌷
Hé oui! Notre corps cache bien des mystères et quelque chose d’aussi banal que des chatouilles a en fait joué un rôle dans l’évolution! C’est fascinant!
Merci pour cet article fascinant sur les origines des chatouilles. J’ai appris les mots scientifiques des chatouilles, leurs racines évolutives. C’est toujours fascinant de voir comment notre corps réagit de manière instinctive à cette sensation 😊
Oui! Fascinant et mystérieux! Une origine aussi lointaine…et toujours une sensation d’actualité! C’est magique!
Super intéressant !
Knimesis et Gargalesis… On dirait des noms de déesses égyptiennes ! 🤣
Je retiendrai, merci pour la découverte !!
C’est vrai! Je n’avais pas fait attention mais maintenant que tu le dis, je le remarque bien aussi! 🙂
Bonjour Claire,
Je viens tout juste de découvrir ton article et ton site, et j’aime beaucoup ton approche à la fois ludique et pédagogique. C’est vraiment agréable de voir des sujets scientifiques abordés de manière accessible et intéressante !
Concernant ton article, j’ai trouvé particulièrement fascinant la façon dont tu expliques les mécanismes neurologiques derrière les chatouilles. Le lien entre l’activation des zones sensorielles et la réaction émotionnelle des personnes chatouillées est vraiment bien expliqué. Ce que tu mentionnes à propos de l’aspect social des chatouilles, notamment le rôle de la relation avec l’autre, m’a aussi beaucoup interpellée. C’est un angle souvent négligé, et c’est super d’y prêter attention.
Oui, derrière une action tout à fait banal et courante, les chatouilles peuvent révéler bien des choses!
Ok ^^, je comprends enfin pourquoi je suis dans cette limite entre plaisir et répulsion lorsqu’on me chatouille ! Je me trouvais bizarre mais en faite pas tant que ça. C’est primitif si je comprends bien ?
Tout à fait! Tu n’es pas bizarre! Moi aussi, je suis à cette limite et je bascule d’un côté ou de l’autre selon la zone chatouillée et selon la personne qui « s’en prend » à moi!
J’ai appris vraiment des choses aujourd’hui. Super intéressant merci.
Avec plaisir!
Merci de décrypter scientifiquement les chatouilles. Je suis hyper chatouilleuse et j en deviens agressive quand on insiste lol je comprends mieux.
Tu pourras maintenant expliquer pourquoi il ne faut pas trop insister sur les chatouilles! 😉